La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche
Ah que c’est bon une Palme d’Or qui fait
polémique ! Que c’est bon de casser les mythes ! Seulement voilà, il est
des mythes qui se fichent des attaques et résistent diablement bien, et
si Abdellatif Kechiche a « martyrisé » comédiennes et techniciens,
Abdellatif Kechiche a fait un grand, très grand film qui restera dans
les annales du cinéma mondial. Il est des Palmes que Cannes et le monde
ont oubliées, celle-là restera et l’œuvre que bâtit le cinéaste fera
l’objet d’études cinématographiques, de thèses, de théories… Et comme
tous les grands il aura aussi ses détracteurs.
Abdellatif
Kechiche est un peintre. De la société, des êtres humains, des corps,
des âmes. Dans « La Vie d’Adèle » il crée une œuvre atemporelle, tout en
montrant mieux que personne l’adolescence d’aujourd’hui. Il filme au
plus près les visages, un œil, une moue adolescente, une interrogation,
un questionnement, un engouement pour la littérature, un émoi, et la
caméra fait le job, jamais une fraction de seconde de trop. Le juste
temps, la juste mesure. Comment Kechiche sait il aussi bien lire la
vie ? Quel œil a-t-il pour que rien, de la plus insignifiante subtilité à
la plus criante vérité, ne s’inscrive dans sa rétine et qu’il nous les
restitue de manière si juste, si évidente que notre empathie pour les
personnages est immédiate, notre adhésion à l’histoire totale ? Où
a-t-il appris à faire de sa caméra un pinceau pour nous restituer les
peaux comme les plus grands maitres de la peinture ?
Nous sommes
bouleversés par cette histoire si simple. Adèle rencontre Emma. Adèle et
Emma s’aiment. Point. Et de cette histoire universelle, le film touche à
notre intime. Ca résonne, ça cogne, ça parle. Kechiche a obtenu de ses
comédiennes qu’elles jouent mieux, plus qu’elles n’auraient cru pouvoir
le faire. L’œuvre d’un artiste aussi belle soit elle peut être étouffée
par une mauvaise scénographie, mais elle peut aussi être révélée. Il en
est ainsi du film de Kechiche, il magnifie ce qu’il touche…
La meilleure critique à mon sens a été écrite par Sophie Avon. A lire absolument : https://larepubliqueducinema.com/adele- ... e-a-vivre/