« Amour » de Michael Haneke
Grand Prix du Festival de Cannes 2012, ce
film me pose un problème que je n’ai pas, à ce jour, résolu. Moment
effroyablement triste de la fin d’une vie, observation froide, clinique,
juste, attentive de la perte de soi, photographie d’une belle, très
belle histoire d’amour, de celles qui en ces temps de divorce et autre
séparation, dépassent cinquante ans de vie commune. Tous ceux et celles
qui ont vu leurs parents ou des proches s’enfoncer ainsi dans la nuit de
la fin de vie, ou ceux et celles qui savent bien qu’ils s’en approchent
inexorablement se retrouvent dans l’histoire que nous raconte le
cinéaste autrichien. C’est peut-être là qu’est ma réticence. Fidèle à
lui-même, Haneke ne laisse rien au hasard, montre une fois de plus son
talent de cinéaste et nous enferme dans le huis clos de l’appartement de
Georges et Anne, nous enferme avec eux dans la maladie d’Anne, rétrécit
notre univers à l’appartement du couple, c’est l’extérieur (le
concierge apporte les courses, Eva, magnifique Isabelle Huppert, rend
visite à ses parents) qui vient au couple et non l’inverse. Il
semblerait qu’il manque à « Amour » une dimension autre, quelque chose
qui nous amènerait à nous éloigner de cette histoire, pour mieux y
revenir, pour la conceptualiser… Cependant le film est à voir pour
l’interprétation de Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva, si
magnifiques acteurs !
Novembre 2012